L’avènement d’Internet s’est accompagné d’un ensemble de discours et de pratiques mettant en avant son caractère libérateur. Adoptant la forme d’un réseau décentralisé et ouvert, il s’est très largement construit comme un espace indépendant de l’État, questionnant même son existence et aidant parfois à renverser des pouvoirs autoritaires. Avec le développement exponentiel des réseaux sociaux et la progression des puissances de calcul, nous craignons une Intelligence Artificielle qui réfléchirait et déciderait pour nous. Mais nous n’avons pas vu venir le risque d’un web 4.0, avec ses algorithmes contrôlés par quelques entreprises ou par des États. Elon Musk rachète Twitter et décide de façon totalement aléatoire qui peut ou non publier sur sa plateforme. TikTok présente des contenus totalement différents à ses utilisateur·trices en Chine, plutôt qu’ailleurs dans le monde. Des professions et des carrières créées et pratiquées uniquement grâce au net (youtubeur·ses, influenceur·ses, etc.) peuvent disparaître si la plateforme qui les héberge le décide. L’espace public existe dès que citoyennes et citoyens se rassemblent pour échanger sur les affaires publiques, or l’espace public a toujours fait l’objet de tentatives de contrôle. Internet, présenté comme un « système auto-organisateur » ou comme un moyen de « s’organiser sans organisations », n’est-il pas devenu un espace autocratique ?

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