Bilan de cette 20e édition
Le 4 mars dernier, la cantatrice et marraine du Festival Barbara Hendricks, a ouvert la 20e édition du FIFDH avec un message de paix et de réconciliation, et a donné un concert à Meyrin pour l’occasion. Après deux éditions digitales, le FIFDH a célébré ses retrouvailles avec ses publics. Il se prolonge désormais en ligne avec une sélection de films en VOD à découvrir jusqu'au 20 mars.
Cette 20e édition du Festival du film et forum international sur les droits humains a accueilli pendant 10 jours plus de 28’000 festivalier·ères sur 118 événements. Nous avons eu l'honneur de recevoir 257 invité·es cinéastes, artistes, activistes, journalistes et spécialistes du terrain. À ce jour, 30’000 spectateur·trices ont pu suivre les débats en direct et en replay, et découvrir des nouveaux formats vidéo et audio. Redécouvrez le palmarès complet ici.
L'ENGAGEMENT
Le FIFDH met en lumière l’engagement des cinéastes et activistes du monde entier en donnant la parole à celles et ceux qui luttent continuellement pour les droits humains.
"Age doesn’t matter: you’re a young activist even if you’re 30 or 50, because you’re new to the system. No matter how old you are, you can stand up for causes!” Winnie Tushabe
Le FIFDH a mis en place un espace de dialogue inédit, lors d’une discussion consacrée au processus de réconciliation en Colombie, 5 ans après les Accords de Paix de La Havane en présence de Sergio Jaramillo, Bertha Lucía Fries et Rodrigo Londoño, ex-chef de la guérilla des FARC, qui déclarait sur la scène du Festival “À La Havane, pendant le processus de paix, j’avais tellement honte de faire face aux conséquences de nos actions”.
L’état de la démocratie dans le monde a été interrogé lors de soirées consacrées, entre autres, à la Tunisie, la Chine, le Myanmar, et l’Ukraine. Le constat pour la Tunisie est sans appel : “Il y a un diagnostic à faire : celui de l’échec d’une classe politique qui ne s’est pas tournée vers le citoyen” a déclaré Amna Guellali. Pour l’activiste hongkongais Nathan Law, le recul de la démocratie est un phénomène généralisé : “I believe democracy will suffer. The deprivation of freedom will arrive on your land.”
Le Festival a réuni divers·es acteur·trices de la lutte antiraciste pour interroger la situation en Suisse. De son passé colonial, aux figures célébrées dans l’espace publique avec Doudou Diène, en passant par les politiques d’accueil et d’intégration des jeunes débouté·es de l’asile à Genève, les intervenant·es ont parlé des constats actuels et évoqué les approches pragmatiques de demain. La co-réalisatrice de Je suis noires et journaliste Rachel M’Bon est revenue sur la construction de l’identité des personnes racisées et suisses “J’aimerais que les femmes noires soient vues par un autre prisme que celui de la couleur”.
Les questions environnementales ont été une des lignes directrices de la 20e édition du Festival. L’écrivain et avocat Philippe Sands est venu s’exprimer sur la notion d’écocide. La finance verte a également été discutée en présence de Bertrand Piccard et des réalisateur·trices de l’enquête documentaire du film présenté en première mondiale La Finance lave plus vert de Matteo Born et Romain Girard.
“You can use social media, you don’t need to cut yourself from society but you should be aware of the risk”. Chelsea Manning, ancienne analyste de l’armée américaine et collaboratrice de la start-up neuchâteloise Nym Technologies, a parlé des risques et opportunités des nouvelles technologies lors d’une brillante discussion.
La soirée dédiée à la situation en Ukraine, articulée autour du film ukrainien La Terre est bleue comme une orange de Iryna Tsilyk puis d’un forum en présence d’une journaliste ukrainienne en direct de Lviv, une journaliste russe, ainsi qu’un panel d’expert·es, a permis d’ouvrir la discussion sur les enjeux et les conséquences de cette nouvelle tragédie humanitaire.
Événement exceptionnel, la rencontre avec la Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Ngozi Okonjo-Iweala : “The future of trade is green, the future of trade is digital and to help with inclusion”.
LA SÉLECTION CINÉMATOGRAPHIQUE
Les Jurys documentaire et de fiction, respectivement présidés par le cinéaste Rithy Panh et la productrice et cinéaste Shahrbanoo Sadat, ont désigné le palmarès parmi une sélection internationale de 36 films. Le Festival a présenté de nombreux films en première mondiale dont le poignant documentaire Angels of Sinjar de la réalisatrice polonaise Hanna Polak revenant sur la tragédie des Yézidi·es du Sinjar mais également Jungle Rouge de Juan José Lozano et Zoltan Horvath,Je suis noires de Rachel M’Bon et Juliana Fanjul et Dans la mesure du possible de Romain Girard. Le réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch a accompagné son film Haut et fort quelques jours au Festival. La présence du protagoniste, Patricio Galvez, suite à la projection du film Children of the Enemy, tout comme celle de Ghofrane Binous pour Ghofrane et les promesses du printemps, ont été des occasions uniques pour le public de dialoguer avec ces personnalités d’exception. La 20e édition du Festival s’est clôturée par une conversation avec la célèbre actrice et réalisatrice française Aïssa Maïga à la suite de son dernier film Marcher sur l’eau, avec Isabelle Gattiker, directrice générale et des programmes.
LES JEUNES AU COEUR DU FESTIVAL
Le débat Activistes, New Generation ! Un militantisme d'urgence dédié aux jeunes activistes a présenté trois jeunes femmes qui se démarquent aujourd’hui à travers leurs initiatives et leurs engagements au sein de leurs communautés respectives et de la société civile en général : Paxton Smith, Winnie Tushabe et Marina Al-Khawand, accompagnées de Suyin Haynes pour la modération. Elles ont raconté leurs combats pour changer des lois, améliorer des conditions de vie et proposer de nouvelles solutions aux défis auxquels elles font face. “It takes a lot of time and sacrifices to be a young activist”, a annoncé Paxton Smith, en expliquant les difficultés quotidiennes qu’elle affronte. L’activiste Winnie Tushabe a elle déclaré “What keeps me going is knowing that I helped a person.”, et Marina Al-Khawand, “The city that never dies had to endure this unbelievable shock,we were the only ones helping the people out, saving lives.” Leur message inspirant et rempli de force est une invitation à l’engagement.
Le programme pédagogique s'est également considérablement développé grâce à sa disponibilité en ligne. Les écoles ont pu bénéficier de séquences pédagogiques vidéo, avec des films et rencontres enregistrés qui ont permis d’ouvrir le débat avec leur enseignant·e en classe. Plus de 3000 étudiant·es y ont déjà eu accès.
La discussion sur les manières de repenser l’école en Suisse est venue clôturer une année de reportages de 19 épisodes réalisée par Heidi.news et Le Temps.
IMPACT DAYS : UN LABORATOIRE POUR LES CAMPAGNES D'IMPACT
Les programmes professionnels des Impact Days 2022, en ligne et en présentiel, ont touché plus de 900 personnes venues de 70 pays. Seize projets de documentaires suisses et internationaux qui traitaient de thématiques urgentes et d’actualité ont été sélectionnés en amont du Festival. Ces projets ont pu bénéficier du programme de formation et d’accompagnement spécifique dans le cadre du FIFDH : Impact Lab.
Plus de 100 réunions ont été organisées, avec 68 représentant·es de 38 organisations, dont Amnesty International, Oak Foundation, IRIS, InMaat Foundation, IMS, Oxfam et Médecins sans frontières, parmi beaucoup d'autres. Moins de 24 heures après la clôture du programme, le projet Bagdad on Fire et Peace For Nina ont obtenu EUR 20’000 chacun grâce au soutien des partenaires des Impact Days.
Le Prix FIFDH des Impact Days 2022 a été remis au projet de film ukrainien Peace For Nina, réalisé par Zhanna Maksymenko-Dovhych. Offert par les Impact Days et Think-Film Impact Production.
Un nouveau prix a été proposé cette année par Sublimages, partenaire du Festival, il récompense le film De la guerre froide à la guerre verte, de Anna Recalde Miranda en lui offrant une traduction et des sous-titrages.
"Avec les Impact Days, le FIFDH se crée une place unique et nécessaire dans le paysage des festivals de cinéma internationaux et dans le domaine du cinéma d’Impact." Cara Mertes, Founding Director, International Resource for Impact and Storytelling.
L'ART ET LA LITTÉRATURE INVESTISSENT LE FESTIVAL
La photographe soudanaise Eythar Gubara, lauréate du prix Madame Figaro avec les Rencontres d’Arles et membre du jury documentaire, a présenté un travail témoignant de son engagement pour les droits des femmes et des personnes LGBTQI* au Soudan, aux côtés de la journaliste et activiste Rebecca Amsellem.
L’exposition People on the Move du photographe Kristian Skeie était visible au Grütli.
À l’approche du 60e anniversaire des Accords d’Evian, la romancière française Alice Zeniter s’est exprimée sur la fabrication de la mémoire de la guerre d’Algérie.
Un hommage a été rendu au peintre urbain Zoo Project avec l’exposition de ses œuvres au Festival et une rencontre avec Antoine Page autour du film C’est assez bien d’être fou. “I drew about 100 posters per day. This is my weapon against the dictature”.
L’artiste plasticienne du Myanmar et également membre du Jury documentaire Chuu Wai Nyein a témoigné de la situation politique dans son pays. Le film Dans la mesure du possible a suivi la création de la dernière pièce de Tiago Rodrigues, metteur en scène et directeur du Festival d’Avignon.
Suyin Haynes et Chuu Wai Nyein / Alice Zeniter ©Kenza Wadimoff / FIFDH2022