Éditorial 2023
Irène Challand
Directrice des programmes
Depuis 21 ans, le Festival du film et forum international sur les droits humains est un événement unique de projections et de discussions engagées en continuel mouvement. Cette année, la nouvelle section Focus permettra de mettre en perspective les paradoxes d’un monde écartelé entre ses conquêtes digitales et les menaces tangibles, suggérées dans le triptyque argentique de notre affiche, du réchauffement climatique, des guerres incessantes et des détresses inhérentes aux migrations.
Commémorer les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme incite à considérer ces droits à la croisée de leurs continuités, ruptures et émergences. Autour d’une trentaine de films et de débats, le FIFDH aborde ainsi avec une égale acuité des thèmes aussi complémentaires que l’humiliation comme outil d’oppression, fil rouge de l’édition, l’extension des droits universels au monde du vivant ou les nouvelles failles éthiques à l’ère numérique.
Quel sera l’être humain placé au cœur des films et des débats des éditions futures de notre Festival ? Un avatar de lui-même ou encore cet être réel, en capacité d’agir contre les formatages serviles et pour le respect des droits du vivant ?
Impatiente de partager avec vous les découvertes de cette édition – ma première en qualité de directrice des programmes – j’aimerais rendre hommage à deux personnalités qui me sont chères. A Jean-Luc Godard qui, aimant citer Elias Canetti, estimait qu’on n’est jamais suffisamment triste pour faire que le monde soit meilleur. A Sergio Vieira de Mello, le premier parrain du FIFDH et inlassable bâtisseur de ponts, victime il y a vingt ans d’une guerre importée dans une région du monde qui n’en voulait pas.
Barbara Hendricks
Marraine du Festival
Pour moi, plusieurs dates ont marqué l’année 2003 : le début de la guerre injuste, immorale et illégale en Iraq le 19 mars, la naissance le 28 mars du FIFDH et la mort de son parrain Sergio Vieira de Mello, assassiné avec vingt-et-un de ses collègues de l’ONU le 19 août à Bagdad.
J’ai eu l’honneur de faire partie des illustres marraines et parrains de la première édition du Festival. Sergio, mon ami et frère avait beaucoup d’espoir pour cet enfant né du mariage d’un festival du film et d’un forum ouvert au dialogue entre un public curieux et engagé et des défenseur·euses des droits humains venant de partout dans le monde.
Le FIFDH, orphelin trop jeune est devenu un adulte solidaire, courageux, insolent et activiste, qui continue ses combats pour défendre partout les droits humains de tous et toutes, à l’instar de Sergio.
Messages officiels
Volker Türk
Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme
Les droits humains sont devenus des enjeux mondiaux, non pas parce qu'ils servent les intérêts des puissants, mais parce qu'ils ont captivé l'imagination des plus démuni·es.
75 ans après l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il est urgent de raviver l'esprit de justice, de liberté et de dignité humaine.
Dans ce texte simple et puissant, il n'y a pas de Nord et de Sud, de pauvres et de riches, de droite et de gauche, de barrières de genre, de couleur ou de classe. Nous sommes tous né·es égaux.
Ce texte, et ces droits, sont le langage de l'unité de l'humanité. Ils constituent des solutions profondes et de grande envergure aux bouleversements et aux injustices de notre monde.
L'initiative Human Rights 75 que mon Bureau mènera tout au long de l'année vise à raviver le soutien du monde aux droits fondamentaux que nous partageons toutes et tous.
Je remercie ce Festival pour son travail constant visant à raconter des histoires qui font entendre les droits de tous les êtres humains, et je me réjouis d'y participer.
Simon Geissbühler
Ambassadeur, chef de la Division Paix et droits de l'homme (DPDH) du Département Fédéral des Affaires Étrangères (DFAE)
Il semble que le monde tourne plus vite que d'habitude en cette période de crises qui se succèdent et génèrent un sentiment d’insécurité et une certaine perte de confiance, même au sein des pays occidentaux. Que peut faire la culture dans ce contexte ? Une fois de plus, le FIFDH n'hésite pas à confronter son public à une réalité pénétrante et à plonger directement dans ces abîmes où les gens sont privés de leurs droits et de leur dignité. Le FIFDH se fait un devoir de regarder et de nous provoquer. Le Festival encourage les discussions animées, l’expression d’opinions divergentes et la recherche de solutions innovantes. Ainsi, par ses films et ses débats, le Festival ne crée pas seulement de l'espoir, mais aussi une base concrète pour le changement. Le DFAE apprécie cette précieuse contribution culturelle et le coup de projecteur que le FIFDH met ainsi sur la Genève internationale et sur les droits humains.
Alfonso Gomez
Conseiller administratif de la ville de Genève
Cette année, nous commémorerons les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Une date importante s’il en est, mais qui rappelle également la persistance de nombreux défis. En effet, si l’on constate des avancées notables dans certains pays, on assiste en parallèle à une ascension continue de l’autoritarisme et à une multiplication des crimes perpétrés par des groupes extrémistes violents. Dans le même temps, des êtres humains résistent, manifestent, revendiquent ou s’érigent face à des pouvoirs multiples, qu’il s’agisse d’États, de systèmes, d’idéologies ou d’intérêts économiques. Pendant 10 jours, le FIFDH nous invite à appréhender ces combats, à rencontrer ces femmes* et ces hommes, à considérer les droits humains dans leur complexité. Loin de la désespérance, cet événement nous permet de nous rassembler, de partager les luttes, car l’avancée pour les progrès humains a toujours été une lutte. Le FIFDH nous permet aussi de vivre de grands moments de cinéma et de penser ensemble un monde où l’humanité, les valeurs de paix et de dialogue triompheront de la barbarie et de la terreur. Je félicite donc chaleureusement toute son équipe pour son engagement et vous souhaite, à toutes et à tous, un très beau Festival.
Sami Kanaan
Conseiller administratif de la ville de Genève, en charge du Département de la culture et de la transition numérique
Se sentir humilié·e, de manière individuelle ou collective, est bien souvent à la source des conflits. L’histoire nous le rappelle, le présent nous le prouve. Pourtant, il est rare que l’humiliation vécue soit mise en avant. On la tait plus qu’on ne l’avoue. En déclinant ce thème tout au long de sa programmation 2023, le Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) va nous permettre de nous plonger dans l’actualité brûlante, mais également de prendre un temps pour réfléchir et porter un regard distancié sur notre monde.
Guerre en Ukraine, révolte en Iran, urgence climatique ne sont que quelques-unes des actualités qui vont être abordées. Avec ce souci, face à la noirceur de la réalité et le désespoir qu’elle véhicule, de nous donner des raisons d’espérer, notamment grâce à la présence et l’intervention d’activistes du monde entier.
C’est donc avec une curiosité certaine que j’aborde – et vous aussi je l’espère – cette 21e édition du FIFDH. Bon Festival !
Leo Kaneman
Fondateur et Président d'honneur du FIFDH
L’agression de la Russie contre l’Ukraine a mis en lumière le grave danger qui pèse sur le respect des droits humains dans le monde. Nous assistons, en effet, au choc de deux visions. D’un côté, un duel entre les régimes autocratiques de Russie et de Chine qui refusent toute démocratisation et qui font primer la force sur le droit ; de l’autre la démocratie solidaire de l’Ukraine, qui souhaite faire partie des structures européennes et qui met en avant les valeurs démocratiques, de libertés et de droits humains. La guerre de Poutine en est une dramatique démonstration : d’un côté, les frappes russes sur les civil·es et de l’autre, l’Ukraine où seules les cibles militaires sont visées. Barbarie contre le respect de la dignité humaine. La politique d’apaisement, "la paix à tout prix" prônée par certain·es peut être interprétée comme une attitude de faiblesse, qui constitue une invitation à l’agression et qui met en danger non seulement l’Ukraine mais aussi nos démocraties.
Gilbert Vonlanthen
Président de l’Association des communes genevoises (ACG)
Les tensions géopolitiques, les cataclysmes naturels et politiques ne cessent de se superposer ce qui n’améliore pas le sort des populations, et encore moins leurs droits fondamentaux. Bien au contraire, c’est malheureusement éveillé·es que nous vivons, encore au 21e siècle, les cauchemars de dystopies qui érigent leur pouvoir violent sur les injustices sociales et les tragédies humaines, alors qu’ils ne devraient être que de mauvais songes, rapidement dissipés au réveil.
« Fenêtre ouverte sur la dignité humaine », le FIFDH dénonce la violation des droits humains et donne la voix à celles et ceux qui résistent.
Merci, aux organisateurs et organisatrices de la 21e édition du Festival FIFDH pour rassembler ces militant·es, personnalités, artistes et cinéastes, venu·es défendre les droits humains.
Les communes genevoises apportent fidèlement leur soutien à cet événement international rassembleur et essentiel pour la promotion des droits humains, qui porte la voix des libertés fondamentales encore et toujours menacées.
Restons engagé·es pour défendre une culture solidaire, valoriser la proximité et nous ouvrir sur le monde au travers de ce Festival !
Eléonore Sulser
Rédactrice en chef adjointe, Le Temps
Le FIFDH, est, au cœur de Genève et de la Suisse, une invitation à se transporter ailleurs, à rencontrer l’autre. Une invitation aussi à retrouver et à apprendre à connaître celles et ceux qui ont d’autres vies que les nôtres ; à écouter aussi celles et ceux aussi qui s’engagent, qui témoignent, qui débattent, qui disent non, qui prennent la plume ou la caméra, le porte-voix ou le micro pour dire haut et fort ce qu’il en est.
Conflits armés, migrations, crise écologique, défis technologiques, condition des femmes* à travers le monde, la question des droits humains se pose dans tous ces domaines, et tous sont présents au FIFDH. En cette année anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, il y a toujours plus de questions que de réponses, plus de récits en cours que de fins heureuses. Mais s’il y a des drames et de la souffrance, il y a aussi de l’espoir. Et c’est cet espoir qu’un tel Festival s’acharne à faire vivre.
Gilles Marchand et Pascal Crittin
Directeur général de la SSR et Directeur de la Radio Télévision Suisse
Une fois de plus le FIFDH sera au cœur de l’actualité. Cela fait plus de 20 ans que le Festival parvient à saisir le monde et ses soubresauts, à rendre compte des violations des droits humains partout où elles se produisent. C’est sa vocation, et il n’a pas failli. 2023 est un rendez-vous particulier, la guerre qui continue en Europe nous interroge à nouveau sur les fondements de la paix et de la sécurité. Les nombreuses révoltes actuelles sont le reflet d'un besoin de liberté, de démocratie et de justice.
La SSR et la RTS s’associent à la démarche du FIFDH. Elles y trouvent les valeurs qui leur importent et souhaitent participer aux débats du moment en présentant des documentaires, en participant aux débats, en rendant compte sur leurs antennes des échanges et des réflexions.
Le FIFDH plus utile, plus incontournable que jamais. Nous vous souhaitons des rencontres inspirantes et de belles découvertes ! Bon Festival !